Méthodologie:
rédiger une introduction
de
commentaire composé
Une
introduction réussie vous attirera la bienveillance de votre
correcteur : c'est ce qu'on appelle en rhétorique latine la
captatio
benevolentiae.
Soignez donc votre introduction, c'est le premier regard que l'on
pose sur votre copie et cette étape doit nous montrer d'emblée la
cohérence de votre devoir et la pertinence de votre réflexion.
Remarques
préliminaires :
On
rédige toujours l'introduction en dernier, après avoir fait son
développement et sa conclusion. Ainsi, on est certain que ce que
l'on annonce en introduction (et notamment le plan) correspond bien à
ce que l'on a rédigé dans le développement.
Votre
introduction doit tenir en un seul paragraphe : vous
n'allez donc pas à la ligne au milieu de votre introduction même si
vous changez.
En
revanche, après votre introduction, vous sautez une ligne
avant de commencer votre développement.
Vous
n'oubliez pas de souligner le titre de l’œuvre et de ne pas
y mettre de guillemets : ce genre d'erreur est déjà très
regrettable en soi, si en plus vous la faites dès la première ligne
de votre devoir, cela risque de faire mauvaise impression.
- Les étapes d'une introduction
(certains
des exemples sont tirés ou inspirés de vos introductions sur la
première scène de Beckett)
1
) Première étape: L'accroche
La première étape est la seule et unique qui est facultative. Il s'agit d'attirer la bienveillance de votre lecteur grâce une phrase générale, qui évoque un contexte socio-culturel, ou bien une citation qui va susciter l'intérêt et donner envie de vous lire. Bien sûr, cette phrase doit avoir un lien avec l’œuvre, l'auteur, le mouvement, le contexte, ou le thème de votre pièce, c'est une manière d'arriver tout en douceur à votre propos.
Exemple :
Dans son Précis
de décomposition,
publié en 1949, le philosophe Cioran écrivait qu'« Il n'est
de noblesse que dans la négation de l'existence, dans un sourire qui
surplombe des paysages anéantis. ». A la fin de la première
moitié du XXeme siècle, l'art et la philosophie tendent un miroir à
une humanité meurtrie, effrayée à la vue de son propre reflet,
aussi coupable que victime d'une nature qu'elle ne saurait vaincre.
Le « sourire » et la « négation de l'existence »
dont parle Cioran, deviennent alors le moyen qu'a trouvé l'homme
pour survivre dans les « paysages anéantis » laissés
par les deux guerres mondiales. L'écrivain irlandais Samuel Beckett
en publiant sa pièce de théâtre En
attendant Godot en
1952, traduira le sentiment d'absurdité de l'existence qui traverse
cette époque de crise de l'humanisme...
Cependant,
il est parfois difficile de trouver une accroche, si vous n'en
trouvez pas, vous pouvez donc passer directement à l'étape 2, on ne
vous en tiendra pas rigueur.
2
) Deuxième étape: L'auteur et son œuvre
Il est évident que vous devez évoquer rapidement l'auteur et son œuvre. Ne faites pas non plus sa biographie : d'ailleurs, quand vous êtes en situation d'examen, vous n'avez pas à votre disposition des milliers d'informations sur l'auteur, soyez donc simples, sélectionnez les informations importantes, notamment celles qui vont vous servir pour votre commentaire. Vous devez cependant absolument situer l'écrivain dans une époque ou un mouvement littéraire.
Voici
plusieurs exemples de présentations tirées de vos copies :
Exemple :
En attendant Godot
est une pièce de théâtre du dramaturge franco-irlandais Samuel
Beckett. Né à Dublin en 1906, et mort à Paris en 1989, il fut l'un
des principaux acteurs du théâtre dit de l'absurde.
Exemple :
Samuel Beckett, né en 1906,
décédé en 1989, est un écrivain, un poète et un dramaturge
irlandais. En 1969, il obtient le prix Nobel de littérature et en
1952, il publie une pièce de théâtre intitulée En
attendant Godot, qui
fut l'une des plus célèbres illustrations du théâtre de
l'absurde.
Exemple :
Samuel Beckett est un auteur du
XXeme
siècle représentatif du théâtre de l'absurde, notamment grâce à
sa pièce de théâtre En
attendant Godot,
publiée en 1952 dans un contexte d'après-guerre.
Dans
ces trois exemples, toutes les informations nécessaires sur l'auteur
sont évoquées. Il n'y a pas besoin d'en dire plus.
3
) Troisième étape: L’œuvre en question
Après avoir évoqué l'auteur, vous devez résumer en quelques mots l’œuvre dont est tiré l'extrait que vous devez étudier. Vous pouvez indiquer l'intrigue, les personnages et les enjeux de la pièce. Attention, il ne s'agit pas non plus de raconter toute l'histoire ni d'entrer dans les détails de l'analyse.
Exemple :
Dans cette pièce, deux
vagabonds, Vladimir et Estragon, attendent indéfiniment un
hypothétique personnage dénommé Godot susceptible, selon Vladimir,
de leur offrir un toit et du travail. Mais il ne vient pas, et les
deux compagnons meublent leur ennui en discutant.
4
) Quatrième étape:
L'extrait en question
Il ne faut surtout pas oublier de présenter aussi en quelques mots l'extrait que vous avez sous les yeux : que s'y passe-t-il, quels en sont les acteurs ? Précisez notamment (si vous le savez) où l'extrait se situe dans l’œuvre (scène d'exposition, scène d'action, scène de dénouement etc).
Exemple :
Dans la première scène d'En
attendant Godot,
Vladimir et Estragon, se retrouvent après une séparation d'une
durée indéfinie. Inséparables malgré leurs malentendus et leurs
désaccords, ils semblent d'ores et déjà être dans l'attente de
quelque chose : attente qui semble être le véritable moteur de
la pièce, au détriment de l'action.
5
) La problématique
Après avoir introduit l'extrait, on peut donner sa problématique. Pour être valable, celle-ci doit contenir une notion littéraire, permettre de dégager la spécificité d'un extrait tout en n'étant pas trop vague. Il y a plusieurs problématiques possibles pour un même extrait. Celle-ci doit être formulée clairement et contenir les mots-clés qui seront au cœur de votre devoir. Vous pouvez l'énoncer sous la forme d'une question directe ( donc avec inversion sujet/verbe et le point d'interrogation) ou indirecte (à l'aide de « ainsi nous pouvons nous demander... », dans ce cas vous n'inversez pas le sujet et le verbe !).
Exemples :Comment
Beckett, à travers le dialogue de deux personnages, introduit-il
l'absurdité dans une scène d'exposition ?
En quoi cet extrait est-il représentatif du théâtre de
l'absurde ?
Dans quelle mesure Beckett met-il en lumière l'absurdité et le
tragique de la condition humaine à travers l'affranchissement des
codes de l'exposition théâtrale ?
6
) L'annonce du plan
L'annonce du plan doit suivre la problématique. Celle-ci doit être rédigée avec soin car celui qui vous corrige doit saisir immédiatement quelles sont vos grandes parties et dans quel ordre elles seront traitées. Pour éviter l'effet catalogue, vous utiliserez des connecteurs logiques ou bien chronologiques : d'une part/d'autre part/enfin, d'abord/ensuite, dans un premier temps/dans un second temps, certes/cependant/néanmoins. Vous pouvez ici utiliser l'expression « nous verrons », mais essayez autant que faire se peut de varier les verbes : nous verrons/nous étudierons/nous analyserons/nous évoquerons/nous mettrons en lumière/nous montrerons etc... Cela doit vous aider à annoncer votre plan mais vous pouvez aussi essayer de vous en passer.
Exemple :
Dans un premier temps, nous
verrons que Beckett s'affranchit des codes de l'exposition théâtrale.
Ensuite, nous étudierons comment les dysfonctionnements du dialogue
traduisent le sentiment de l'absurdité et une vision pessimiste de
la condition humaine. Enfin, nous montrerons que le rire et le
registre comique ne sont en fait qu'un moyen de mettre au jour un
renouvellement du tragique au théâtre.
